J’ai fait ma crise de la quarantaine dix ans plus tôt. Crise trentenaire et baby-blues en complément, cocktail au top, j’vous le recommande!
Voilà, avoir trente ans signifiait alors être arrivée au summum de mes ambitions et avoir commencé une belle carrière, portée à un point culminant de ma vie. Certes il était culminant mais pas pour les raisons que je pensais.. J’avais réussi beaucoup de choses et je n’éclaboussais personne avec ces joies et réalisations qui m’étaient propres. Je pensais que mon bonheur était là. Et pourtant, un brin d’arrogance vint alors me souffler dans mes rêves : « T’es sûre, il ne te manque rien? ».
Bien sûr que si, un bateau, un tour du monde, .. Un enfant? Ça venait d’être fait et avec bonheur et quiétude, j’entamais cette pause tant sollicitée. Encore des projets plein la tête mais côté professionnel, c’était clair : je n’avais besoin de rien pour le moment. Je voulais continuer dans cette branche de l’hôtellerie qui m’avait ouvert les bras avant ma majorité et malgré mes césures qui m’auront portée autant dans les nuages que sur les flots, je n’avais tout de même pas fait « ça pour rien », y compris la reprise de mes études (si, non?!). Là encore, je me trompais!
Je vous parlais de montagne, enfin de ‘point culminant’. Culminant oui mais plutôt rapport à la chute qui a suivi et qui a été rude, à la réflexion qui a été longue et à l’idée qui a mis du temps à faire son chemin. Elle était là, l’idée, bien cachée dans mon inconscient mais les barrières que JE m’étais mises – non l’Univers entier pour se venger de je ne sais quoi (rassurez-vous, je suis en paix avec mon karma!)- m’empêchaient décidément de la voir. Et puis j’ai compris.
Le jour où je suis devenue maman. Le jour où j’ai mis au monde mon enfant. Je ne le savais pas encore mais passer cette étape allait profondément me transformer. Car donner la vie m’a fait prendre conscience de la mort. C’est étrange maintenant de dire ça mais en gros, pour résumer, c’est la réalité. Il y a eu comme une ébullition de trop dans mon cerveau et tout s’est secoué pour se remettre en place. Cela m’aura pris un an! Avant, je vivais un peu comme tout le monde, dans le déni. Je m’angoissais de voir un jour mes proches disparaître à tout jamais et ça me crispait, en silence. Mais c’est comme tout à ce propos, je n’en parlais pas. Je refusais d’évoquer le sujet en société. Même avec ma moitié. Je me disais que d’en parler, ça allait la faire venir plus vite. La? Qui ça, « la »? *Surprise* : la mort, pardi!
Mais tout a pris du sens, un sens, LE sens. Ce que me répétait souvent mon père, le fameux : « la mort fait partie de la vie. ». Son perçant et subtil humour noir dont je riais souvent jaune, tout en ripostant. Mais oui, on peut en parler, s’entretenir sur le sujet, le disserter ou en blaguer ; ne faire que le chuchoter n’y changera rien au fait : s’il est bien un point commun admirable qui relie tous les êtres vivants ici, c’est bien celui qui nous déliera tous un jour. Alors bon, comment faire?
Maintenant que j’ai envie d’en parler, de redonner du sens à tout cela, de briser ce tabou tenace qui en fait taire plus d’un, de son vivant comme de sa mort haha (blague déplacée, scusi!..), comment faire en réalité pour : de une > trouver une voie qui soit TOTALEMENT EN PHASE avec moi-même, différente de celle que je m’étais tracée jusque là? de deux > aborder un sujet sensible avec humilité, sensibilité et empathie, sans virer forcément dans le pathos? de trois > combiner ma passion de l’écriture, celle qui au fond me caractérise vraiment aux yeux de tous et depuis toujours, avec celle des belles histoires au creux desquelles je suis bercée depuis ma plus tendre enfance?
Je suis une fervente amatrice de bonne humeur, de blagues et de petites anecdotes, une âme romanesque, un peu fleur bleue sur les bords, qui trouve dans le coeur des gens toujours quelque chose de bon malgré les travers, les aléas et la souffrance manifestes parfois. Et là, les compteurs s’affolent (mince, j’viens de perdre tous mes lecteurs ou quoi?!)..
J’avoue, on dirait une candidate à l’élection Miss France qui s’apprête à partager ses motivations utopiques : « je veux sauver le monde, que s’arrêtent toutes les guerres et que la paix souffle sur la Terre! ».. Oui bien sûr mais, bien que très enthousiaste, je sais qu’on ne vit pas dans un monde fait de chamallows! Et ça, c’est bien une ex-militaire qui le dit. (— Vous aviez sauté cet épisode de ma vie? RDV à la rubrique « À propos » ! —) Quel dommage cela dit, et à plus d’un titre, dixit une gourmande qui adore la guimauve, bref! Restons donc tout à fait lucides, voire un chouïa borderline aussi.. Après tout, qui nous impose le sérieux dans de telles circonstances?
©Jack Redgate
Car oui, je vous arrête tout de suite quand même, la mort PEUT ET DOIT être une belle histoire. C’est une étape, un nouveau chapitre de la vie ; une fin, certes, mais pourquoi pas une ‘Happy End’?? Pourquoi ne pourrait-elle pas elle aussi redorer son blason, revêtir ses plus beaux atours pour vous représenter tel que vous êtes, du haut de votre plus juste image, celle de votre vie?
Faire en sorte que sa propre histoire soit mise une valeur comme elle le devrait et non pas comme il est d’usage d’y penser ou de la concevoir. Pourquoi ne pourrait-on pas la sublimer, jusqu’à l’adieu ultime, dans le partage et la sérénité? Pour que la douleur soit plus acceptable. Pour que définitivement, pour une ‘dernière séance’, vous ayez eu un bel hommage.
C’est là que POST-SCRIPTUM est apparu, petit à petit, suite à une suggestion puis à une profonde remise en question. Histoire de poser des mots sur la petite révolution qui s’opérait déjà en moi. Ce que je souhaite par-dessus tout, c’est donner du sens à ma vie par celle des autres. N’en trouver qu’au cours des événements heureux n’aurait été que faire une nouvelle fois abstraction du ‘yin’. Tout est une question d’équilibre, n’est-ce pas?!
J’ai par le fait décidé de « dépoussiérer » un peu, à ma manière, le ‘concept’ qui veut qu’on doit se taire parce qu’on est triste, le diktat qui oblige à des funérailles plombantes sous prétexte qu’on n’a pas mieux. Alors certes, je ne dis pas, le départ d’un être cher, d’un proche, d’une connaissance, d’un collègue, d’un parent, de toute personne qui fait que notre vie au final s’en porte mieux quand on l’a auprès de soi -, c’est toujours féroce, innommable, dévastateur et assourdissant intérieurement parlant. Mais je ne vous parle pas de ressentis là, je parle de vécu.
Pour la petite histoire, si je reconsidère bien la question, il m’a été donné deux fois de m’interpeler réellement sur le deuil. Ça ne nous arrive qu’avec du recul, après avoir été touché de plein fouet par cette lourde peine et souffrance. À titre d’exemple, je revois mon grand-père rester égal à lui- même lors de l’enterrement de ma grand-mère. Il était certes terrassé par la douleur mais n’en montrait rien. Il avait alors trouvé le moyen de glisser une plaisanterie au « croque-mort » ‘en attendant’ l’avancée du cercueil. Je ne comprenais pas. Je ne lui en voulais pas non plus d’ailleurs mais c’est peut-être la seule fois où je n’ai pas ri à l’une de ses interventions.
Et puis aussi, il y a eu cette amie qui me répétait souvent que lorsque serait venue son heure, il fallait absolument que l’on se passe le mot pour que personne dans l’assemblée ne porte de noir. Il lui faudrait des couleurs. Et des rires. C’était trop m’en demander (pour le rire) et j’aurai quoiqu’il m’en coûte respecté sa dernière volonté vestimentaire mais c’est vrai que sa demande pesait. Mais que diable, quelle idée saugrenue et pourquoi donc??? J‘ai toujours gardé cela en tête…
Chacun vivra le deuil à sa manière, côté tenue et caractère, telle n’est pas la question non plus. Bon c’est clair que faire le buzz autour de cet événement qui nous sera propre un jour peut en refroidir certains… Et pourtant, en me projetant malgré moi dans l’après, je me suis finalement dit qu’il serait bien dommage que les personnes qui seraient présentes ce jour-là ne reçoivent pas un petit message, une parole, une voix, un signe de ma part ; un petit rien qui leur dise de continuer à vivre, avec mes mots.. Je ne peux pas vous obliger à faire ce même exercice et pourtant, je ne pourrais que vous inciter à le faire, tellement vous pourriez profondément en tirer de bénéfices. S’interroger sur ce qui est réellement important, aux ‘choses qu’on ne s’est pas dites’ (oui oui, je l’ai lu aussi!) mais auxquelles on aurait dû penser, etc.
Inversons donc les tendances. Osez vous révéler! De préférence maintenant, pour mieux préparer l’après. Votre petite touche à l’édifice qu’est votre vie, pour vous-même et autrui… Le concept est donc très simple. Il s’agit de vous aider, de vous appuyer, de vous faire ressortir de vos tripes le meilleur de ce que vous auriez à leur dire.
Écrire votre propre oraison funèbre n’est pas glauque, non. Et à l’heure où tout est calibré, contrôlé et pré-fabriqué, cela n’est même plus un OFNI dans l’océan de prévoyance dans lequel notre monde est déjà plongé. Si le mot ‘tendance’ est too much là pour vous, employez plutôt l’expression de ‘micro-effervescence’ dans le paysage et votre for intérieur… Et si c’est encore un terme trop imposant, dites-vous alors qu’écrire coûte de toute façon moins cher qu’une thérapie et que oui, vous pouvez le faire!
Laisser une trace dans ce bas monde n’est pas chose aisée quand on y pense, je vous propose donc d’écrire pour transmettre et de célébrer pour garder en mémoire. De mettre en valeur votre vie, votre histoire, toutes les histoires, quelles qu’elles soient. En attendant, lisez, riez, vivez, écrivez et bien sûr, partagez!
Bien affectueusement,
STL à votre service, dans chacune de vos directions :)!
(Scribe, Tribun & Liseuse de belleS aventureS)
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